Maturité numérique 4.0 ? Oui, mais encore...

Par: Bernard Boire, M.Sc.A. , FIC

Dans le processus de transformation numérique, après avoir déterminé et quantifié les objectifs stratégique et opérationnel d’une entreprise, la seconde étape consiste à évaluer sa maturité numérique.

Selon la BDC les entreprises qui ont un niveau plus élevé de maturité numérique profitent d’une croissance, des ventes et des bénéfices, supérieurs à celle de leurs pairs.

Mesurer et comprendre la maturité numérique de son entreprise devient donc un sujet d’intérêt majeur. Ce type d’évaluation se fait de nos jours dans un contexte d’évolution dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la 4ème révolution industrielle,l’Industrie 4.0, ou le «smart manufacturingOn parle alors de maturité 4.0.

Pour évaluer la maturité 4.0 d’une entreprise, plusieurs organismes ont développé leur propre méthodologie (dont MIT, BDC, MEI et plusieurs autres). Chaque méthodologie aborde le problème d’un angle différent. On peut les classer en trois familles :

  1. L’approche technologique vient en deux saveurs :
    • Certaines se contentent d’une simple liste de vérification de la présence, ou non, de certaines technologies de pointe.
    • D’autres vont plus loin et évaluent ensuite la pertinence pour l’entreprise de chacune de ces stratégies de pointe, en termes de complexité, de coût et d’impact sur leurs KPIs de performance stratégique et opérationnelle.
  2. L’approche par processus ignore largement les technologies et se concentre sur la nature des processus en place, plus spécifiquement le degré auquel ceux-ci reflètent l’adoption des principes clés de la numérisation 4.0 :
    • La numérisation des processus et l’automatisation des opérations, dans le but d’assurer la virtualisation et la transparence de l’information;
    • Interoperability and interconnectivity;
    • Le fonctionnement en temps réel (à des fins de contrôle et d’analyse dynamique);
    • Decentralization of decisions.

Typiquement plusieurs douzaines de processus et sous-processus sont examinés en détail, mais on porte peu attention aux conditions ‘environnementales’ de l’organisation.

(3) L’approche holistique, quant à elle, reconnait qu’il ne suffit pas de juste qualifier l’avancée technologique ou des processus. La maturité numérique d’une entreprise variera en fonction de deux dimensions interreliées: son intensité numérique (technologie et processus) et sa culture numérique.L’habilité à tirer parti du potentiel d’une vaste somme de données en temps réel dépend de la structure et de la culture organisationnelle, lesquelles doivent aussi être transformées. Ultimement l’entreprise doit devenir une entité apprenante et agile, capable d’une adaptation continue, rapide et flexible à un environnement en constant changement.

Alors que la mesure de l’intensité numérique évalue le degré d’utilisation d’outils numériques (pour interagir avec les clients, partenaires ou fournisseurs), d’automatisation de la collecte de données (pour accélérer les décisions) et de la numérisation et de l’intégration des processus d’affaires (pour l’interopérabilité), l’évaluation de la culture numérique évalue la présence des « conditions gagnantes », c.-à-d. une vision numérique, le support de la direction, un environnement valorisant l’expérimentation et la collaboration, une planification de projets professionnelle et un développement continu des compétences.

Quant à nous nous privilégions l’approche holistique (no 3) et avons adopté et adapté le modèle Acatech ( www.acatech.de ), le résultat d’un important projet du National Academy of Science and Engineering allemand (comprenant un groupe de projet de 5 Ph. D., 21 partenaires de projet, 32 experts industriels et académiques consultés, et le financement de 10 entreprises industrielles majeures).

Nous complétons ensuite notre démarche avec un outil propriétaire de sélections des technologies, c.-à-d. des projets de transformation numériques (du type 1b ci-haut).